En réponse à la croissance rapide du secteur de la santé numérique, la société de capital-investissement Karista publie pour la première fois une cartographie européenne des fonds d’investissement en e-santé. Celle-ci est amenée à évoluer et à être mise à jour au cours des prochains mois.

Au cours du troisième trimestre 2020, les startups européennes HealthTech ont levé près de 2,3 milliards de dollars, approchant le record de 2019 de 2,9 milliards de dollars investis dans le même laps de temps. Aujourd’hui, plus de 626 entreprises sont actives dans le domaine de la santé numérique dans toute l’Europe. 63% de ces entreprises ont été créées au cours des 5 dernières années.

Méthodologie

Sont inclus dans cette cartographie tous les fonds ayant un siège mondial en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Autriche, au Luxembourg et en Belgique. Sur la base d’informations publiques (sites Web), Karista a sélectionné tous les fonds ayant investi (au moins) dans 3 entreprises appartenant au secteur de la santé numérique en Europe.

L’analyse de Karista

Au total, 84 fonds européens investis dans la e-santé (26 en France), dont 14 fonds dédiés (6 en France). Les pays les plus actifs du secteur sont la France, suivie du Royaume-Uni et de l’Allemagne.

Il existe encore très peu de fonds dédiés à la santé numérique en Europe et en France (respectivement 17% et 23%). Ceci est principalement dû à la jeune maturité de ce marché en croissance rapide. En effet, le secteur de la santé fait désormais face à une accélération de sa digitalisation, dopée par l’essor de la médecine à distance et la perturbation liée à la pandémie COVID.

Une grande majorité de ces fonds investissent en early stage (57% vs 14% late stage et 29% multi-stage) en fonction de la maturité des entreprises européennes du secteur, souvent créées récemment. La taille moyenne des fonds est donc modérée . Les fonds de stade avancé et à plusieurs niveaux investissent plus souvent dans l’informatique de la santé, une verticale plus établie.

Les fonds investissant habituellement dans la santé (Biotech, Medtech, Diagnostics…) manifestent un intérêt croissant pour la santé numérique. Il y a eu une augmentation significative de leurs investissements au cours des deux dernières années. Les fonds généralistes surveillent également de près ce secteur et y prennent progressivement position.

Même si le secteur de la e-santé est accessible à tous, les fonds investissant dans la santé numérique proviennent majoritairement du secteur de la santé. De plus, les critères classiques utilisés pour évaluer les entreprises technologiques ne sont que partiellement applicables dans ce secteur.

Malgré leur présence limitée actuelle sur notre continent depuis cinq ans, des fonds américains arrivent sur le marché européen , et dans une moindre mesure, en France. Dans le secteur de la santé en général, le marché français est plus difficile à comprendre que les autres marchés européens, principalement en raison d’une mise sur le marché complexe. Souvent basés à Londres, les fonds américains abordent d’abord le marché britannique avant de se diriger vers les marchés belge et néerlandais. Les fonds américains interviennent le plus souvent en France en phase tardive (3e et suivants) en co-investissement avec des fonds locaux.

Les valorisations des entreprises de cybersanté sont soutenues par l’intérêt croissant pour le secteur. Pour l’heure, il y a eu trop peu de sorties (M&A et IPO), notamment des entreprises européennes, pour pouvoir extrapoler sur la performance du secteur indique Karista.